Écrit par Paul Deschamps
Piqué sur La Grande Époque
L’histoire de la Chine moderne est écrite, ou masquée, par les censeurs. Heureux de l’approche «d’engagement» de l’administration Bush, il semble que le régime chinois accueille la venue de Barack Obama avec un peu de nervosité. En quoi un président se disant ouvert sur le monde pourrait-il représenter un obstacle aux ambitions de grandeur du gouvernement chinois, surtout que sa secrétaire d’État, Hillary Clinton, est l’épouse du président américain qui s’est rapproché le plus du Parti communiste (PCC)?
Avec une économie qui ralentit à faire frémir les grands argentiers et les mandarins rouges, pour des raisons qui ne sont pas toutes liées à la crise mondiale comme certains essaient de le faire croire, il semble que ce sont les penchants protectionnistes de M. Obama qui causent le plus d’inquiétude. Et peut-être aussi cette rhétorique appelant à «l’espoir», au «changement» et à la «démocratie». Non entachées encore par la machine de Washington, les paroles d’Obama sur la liberté dans le monde ont plus de poids que celles de George W. Bush.
Pékin a-t-elle peur que son peuple en laisse se mette à rêver comme les Américains? Que, malgré des années de brainwashing, il réalise finalement que la venue d’un Noir à la présidence confirme que la démocratie existe et fonctionne en Occident?
«Mais la Chine s’ouvre et a tellement changé», disent les défenseurs du régime communiste. Elle fait même «maintenant pleinement partie de la communauté internationale», selon Michel Cormier de Radio-Canada. Des Jeux olympiques et hop! Le tour est joué.
Elle a tellement changé que lorsque Barack Obama, 44e président des États-Unis, a prononcé le mot «communisme», la télévision d’État a interrompu la diffusion en direct du discours d’inauguration.
«Souvenez-vous que les précédentes générations ont tenu tête au communisme et au fascisme pas seulement avec des missiles et des chars, mais avec des alliances solides et des convictions durables», a déclaré Barack Obama au Capitole.
À la China Central Television (CCTV), immense machine de censure et de propagande, ces mots d’Obama ont déclenché une petite panique. L’animatrice s’est même laissée surprendre et semblait désorientée. De nulle part, elle a commencé à discuter de la crise économique aux États-Unis avec la correspondante sur place, qui semblait tout autant prise de court.
Dans le discours d’Obama publié par l’agence officielle Xinhua, le mot «communisme» a été effacé. Le régime a défendu cette censure en avançant le droit éditorial.
Outre le «communisme» – qui décidément est encore important pour l’élite au pouvoir afin de protéger un passé sanglant et honteux, et de préserver la domination de l’appareil étatique actuel – les paroles d’Obama sur la dissidence ont aussi subi le couperet.
«À ceux qui s’accrochent au pouvoir par la corruption et la fraude, et en bâillonnant la dissidence, sachez que vous êtes du mauvais côté de l’histoire, mais que nous vous tendrons la main si vous êtes prêts à desserrer votre poing.» Malheureusement pour Obama, les États-Unis ont tendu la main au PCC en 1972 et ce sont ses argents qui ont en grande partie permis de maintenir au pouvoir l’actuel régime corrompu et répressif. Pékin finance maintenant la dette américaine. Obama veut tendre la main alors qu’on lui fait une clé de bras.